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Vaniya Agrawal : De l’Ingénieure Logicielle à la Voix Dissidente au Cœur de la Tech
L’histoire de Vaniya Agrawal, une jeune et talentueuse ingénieure logicielle, offre un aperçu fascinant des tensions croissantes entre la conscience sociale des employés et les collaborations controversées des géants de la technologie. Son parcours, marqué par des défis personnels et une quête de sens, culmine dans un acte de protestation publique audacieux contre Microsoft, l’entreprise qui l’employait. Son témoignage, recueilli lors d’une interview, éclaire les motivations profondes derrière sa décision de prendre position et les répercussions qu’elle a rencontrées.
Des Rêves d’Ingénieure à la Réalité de la Big Tech
Grandissant dans une famille indienne-américaine, Vaniya Agrawal a connu la pression traditionnelle pour embrasser une carrière dans le domaine de l’ingénierie, de la médecine ou du droit. Cette attente, bien que partagée par de nombreux enfants d’immigrants, était d’autant plus significative pour elle qu’elle a fait face à de sérieux problèmes de santé pendant de nombreuses années. Ces problèmes l’ont empêchée de fréquenter les lieux publics et ont jeté un voile d’incertitude sur son avenir, rendant la perspective d’avoir un emploi ou d’être financièrement indépendante très lointaine.
L’obtention d’un poste chez Amazon, puis plus tard chez Microsoft, représentait un accomplissement majeur, un “rêve” réalisé contre toute attente. Son passage chez Amazon a initialement été vécu comme une preuve de résilience et de succès. “Quand j’ai commencé chez Amazon, c’était comme un rêve”, raconte-t-elle, “Regarde comme je suis allée loin. Regarde ce que j’ai accompli. Malgré toutes les difficultés contre moi, malgré le sentiment il y a cinq ans que je n’avais pas d’avenir”.
Cependant, la vie de Vaniya a été profondément marquée par la perte. La mort soudaine et inattendue de son père, survenue un mois avant son stage chez Amazon, a rouvert les blessures laissées par la perte de sa sœur lorsqu’elle était très jeune. Cette épreuve l’a forcée à remettre en question le sens de sa carrière et ses motivations. Si elle avait atteint l’objectif de bâtir une carrière et d’être financièrement indépendante, la question s’est posée : “Pourquoi est-ce que je fais ça maintenant ?”. Travailler sur des “builder tools” chez Amazon lui semblait dénué d’importance dans le grand schéma des choses.
Cette prise de conscience, exacerbée par le deuil, l’a poussée à une profonde introspection. Elle a commencé à se demander quel impact elle souhaitait vraiment avoir sur le monde.
Du Prestige à la Quête de Sens
mesure qu’elle en apprenait davantage sur l’impact des grandes entreprises technologiques, y compris la “complicité” d’Amazon, Vaniya a commencé à abandonner l’idée de poursuivre le prestige professionnel. Son objectif a évolué vers la recherche de choses qui avaient de l’importance pour elle et vers une définition de ce qui constituait un impact positif. C’est dans cette optique qu’elle a décidé de quitter Amazon.
Initialement, Vaniya pensait en avoir “fini avec la big tech” et cherchait activement des rôles dans des startups ou des entreprises axées sur la justice sociale, l’éducation ou les technologies climatiques. Cependant, le marché de l’emploi était en difficulté, marqué par des licenciements massifs et une concurrence intense. Malgré son expérience chez Amazon, elle a réalisé qu’elle ne pouvait pas se permettre d’être “difficile” quant à sa future destination professionnelle. Trouver un lieu de travail aligné sur ses valeurs s’est avéré être un “privilège” difficile à obtenir dans ce contexte.
C’est ainsi que Microsoft s’est présenté comme l’une des rares options concrètes. L’accepter n’était pas un choix activement poursuivi, mais plutôt la conséquence d’un processus de recherche d’emploi difficile et épuisant. Vaniya envisageait ce poste comme une étape temporaire, dans l’espoir de continuer à chercher un rôle plus aligné avec ses aspirations. Elle a rejoint Microsoft en septembre 2023.
Le Tournant d’Octobre 2023 et la Prise de Conscience de la Complicité
Une semaine ou deux seulement après son arrivée chez Microsoft, les événements du 7 octobre 2023 et leurs conséquences à Gaza ont radicalement changé sa perspective. Vaniya raconte à quel point les images et les vidéos qu’elle voyait, “diffusées en direct sur [son] téléphone”, l’ont profondément affectée. C’était sa “première exposition à la guerre en temps réel” et cela l’a frappée plus fort que tout, la replongeant même dans une détresse similaire à celle qu’elle avait ressentie après la mort de son père.
En parallèle, elle découvrait ce qu’elle décrit comme la complicité de son propre pays (les États-Unis) et le rôle des médias dans la “fabrication du consentement”. Plus troublant encore, elle apprenait que l’entreprise pour laquelle elle travaillait, Microsoft, était impliquée dans l’armement de ce qu’elle qualifie de “régime d’apartheid” israélien, en aidant à développer des outils qui rendaient le “génocide” aussi “létal, violent et réussi”. Chaque jour, en découvrant le rôle croissant de Microsoft, elle se sentait de plus en plus complice.
Elle se souvient avoir entendu parler des liens entre Microsoft et l’armée israélienne pour la première fois à l’extérieur de l’entreprise, peut-être lors d’une manifestation. À l’époque, elle était surprise, car elle percevait Microsoft comme une entreprise axée sur la “philanthropie”, les “valeurs” et une mission d'”autonomiser les gens autour de la planète”, ce qui la rendait moins “discordante” qu’Amazon. Elle pensait que Microsoft était techniquement le “moins maléfique” des géants de la tech.
Le Silence Interne et la Suppression de la Dissidence
Contrairement à ses attentes, Vaniya n’a appris les détails de l’implication de Microsoft que par des sources externes. Selon elle, l’entreprise s’efforce de “supprimer et faire taire” toute dissidence interne concernant son rôle. Elle a été témoin de collègues posant des questions lors d’événements internes avec les dirigeants (AMAs, town halls) pour demander des comptes ou exiger la divulgation des liens de l’entreprise, mais ces commentaires étaient “supprimés”, “ignorés” ou “balayés”.
Un exemple frappant cité est celui de “manifestants silencieux” lors d’un town hall en février, portant des chemises avec l’inscription “Est-ce que notre code tue des enfants ?”. Ils ont été “silencieusement escortés dehors”, leurs noms ont été notés, mais Microsoft n’a fait “aucun commentaire”, “aucune reconnaissance” de leur protestation. Vaniya elle-même n’a reçu “aucune déclaration”, “aucune reconnaissance” ni “aucune réponse” de Microsoft après sa propre protestation. L’entreprise a même bloqué les e-mails de masse envoyés par les manifestants pour empêcher qu’ils soient transférés ou répondus. Selon Vaniya, cette suppression des voix dissidentes se produit “beaucoup en coulisses et dans l’ombre”.
Cette observation du sort réservé aux employés qui s’exprimaient en interne a profondément découragé Vaniya de faire de même. Étant par ailleurs en télétravail complet et n’ayant pas de liens personnels forts avec ses collègues ou d’alliés évidents au sein de son équipe, elle ne voyait pas l’utilité de s’adresser à son manager ou aux ressources humaines.
La Lutte Interne et la Naissance d’une Détermination
Fin 2023, Vaniya était en proie à une intense lutte interne. Elle se sentait “coincée”, “piégée” et “désespérée”, voyant tant d’injustice et de souffrance sans savoir comment agir seule. La question de rester et d’appliquer une pression interne ou de partir et d’exercer une pression externe la tourmentait. Cette détresse a conduit à un congé sabbatique de plusieurs mois, initialement envisagé comme un départ définitif de Microsoft, principalement pour sa propre “santé mentale” et l’incapacité physique de tolérer cet environnement.
Cependant, vers la fin de son congé, le besoin d’avoir un emploi et un revenu est réapparu. Vaniya a alors décidé de rester chez Microsoft, mais avec l’objectif de se connecter à d’autres employés qui partageaient ses sentiments, car elle était convaincue qu’ils existaient. Sa recherche l’a menée à la campagne “No Azure for Apartheid” et aux organisateurs, Hassan et Abdo, qui avaient été licenciés pour avoir organisé une veillée. Dès qu’elle a découvert leur existence, elle a su que c’était “exactement ce qu'[elle] cherchait”.
Elle a contacté la campagne pour s’impliquer, mais le processus a pris du temps. Pendant cette période d’attente et après son retour au travail, Vaniya a continué à ressentir qu’elle ne pouvait pas rester longtemps dans cet espace. Elle a réalisé qu’elle devait concilier sa santé mentale avec son désir de rejoindre le mouvement.
C’est ainsi que, le jour même où elle a été officiellement intégrée à la campagne, Vaniya a également soumis sa démission de Microsoft. Sa démission était motivée par son besoin personnel de quitter l’entreprise, mais elle reconnaissait aussi sa “position de pouvoir” privilégiée – elle n’était pas liée par un visa ou des responsabilités familiales – ce qui lui permettait de prendre des risques et d’appliquer une pression que d’autres employés ne pouvaient pas se permettre. Elle ressentait une “responsabilité” d’utiliser sa position pour faire ce qu’elle pouvait avant de partir.
L’Acte de Protestation : Un Saut Audacieux
Démissionner par conviction est une chose, mais interrompre publiquement un panel réunissant des personnalités comme Bill Gates en est une autre, impliquant des “répercussions” potentiellement durables. Vaniya explique ce “grand saut” par un sentiment de nécessité. Sa situation unique, en tant que citoyenne américaine avec une protection relative et sans attaches professionnelles vitales, la positionnait idéalement pour faire ce qui était nécessaire. Sur le “spectre des actions” possibles dans des campagnes comme “No Azure for Apartheid”, allant du travail discret en coulisses à l’exposition publique totale, Vaniya sentait qu’elle était la “bonne personne” pour jouer le rôle qui impliquait de “faire du bruit” et de “prendre des risques”.
Au-delà de sa position stratégique, sa décision était profondément liée à sa quête de sens et à ses luttes personnelles. Après avoir traversé des périodes de détresse où elle ne voyait pas de raisons de continuer, la connexion avec la campagne et la découverte de personnes qui “avaient une voie à suivre” et qui “faisaient concrètement le changement” lui ont redonné un but. Elle a trouvé “quelque chose à quoi s’accrocher”. “Mon travail n’a pas d’importance pour moi. Ma carrière n’a pas vraiment d’importance pour moi”, dit-elle, ajoutant qu’à ce moment-là, “honnêtement, ma vie n’avait pas vraiment d’importance pour moi”. Mais si elle devait rester sur cette planète, ce serait pour “se battre” aux côtés des Palestiniens.
Elle décrit cet état d’esprit par la phrase : “Je n’avais rien à perdre, et tout à gagner”. Au moment de se lever pour protester, malgré la peur de se tenir devant des milliers de personnes et des figures emblématiques comme Bill Gates et Satya Nadella, Vaniya a ressenti un sentiment de “calme” et de “clarté”, une conviction qu’elle était “là où [elle] devait être” et que c’était le rôle qu’elle “était censée jouer et [qu’elle] voulait jouer”. Le mot juste pour décrire son sentiment était “résolue”.
Les Conséquences Professionnelles et le Soutien Familial
La perspective de compromettre son avenir professionnel a été prise en considération, non seulement par Vaniya, mais aussi par son partenaire et sa mère. Sa mère, en particulier, était préoccupée par sa capacité à retrouver un emploi. Cependant, Vaniya a soutenu que si une entreprise refusait de l’embaucher en raison de sa position contre le “génocide”, ce n’était probablement pas une entreprise avec laquelle elle voudrait travailler de toute façon. Elle était convaincue que d’autres opportunités, alignées avec ses valeurs, se présenteraient, et que cette action pourrait même l’aider à trouver sa place dans un environnement professionnel plus éthique, ou même à la pousser à quitter entièrement le secteur de la tech. Elle considérait que “cette question est plus grande que [elle] et [son] emploi et [sa] carrière”.
Elle a rassuré sa mère en mentionnant d’autres employés de Microsoft qui avaient été licenciés mais qui s’en sortaient bien, et en soulignant l’existence d’une communauté solidaire prête à la “rattraper”. Connaissant les luttes personnelles de Vaniya, sa mère a finalement placé sa priorité dans le “calme, l’épanouissement et le bonheur” de sa fille, et a apporté son soutien, même si elle avait des craintes.
Le Jour de la Protestation et le Licenciement Immédiat
Le jour de la protestation, Vaniya Agrawal et une autre personne nommée Tahal étaient présentes à l’événement. Après leurs interruptions, elles ont immédiatement envoyé des e-mails de masse aux employés de Microsoft pour dénoncer la complicité de l’entreprise et appeler à l’action. Après avoir été escortée hors de l’événement, Vaniya a rejoint un rassemblement qui se tenait à l’extérieur.
Dans les 30 minutes suivant sa perturbation, Vaniya a perdu tout accès à son compte d’entreprise, y compris ses e-mails et Teams, sans préavis ni explication de la part de Microsoft. Pendant les courtes minutes où son compte était encore actif, elle et Tahal ont reçu une avalanche de réponses de la part d’employés de Microsoft, exprimant leur soutien, leur surprise face à la nouvelle de l’implication de l’entreprise, et remettant en question leur propre rôle chez Microsoft.
Cependant, ayant été coupée de ses communications internes, Vaniya est restée dans l’incertitude quant à son statut d’emploi pendant plusieurs jours. Ce n’est que le lundi suivant, après avoir envoyé un message à son manager via son téléphone personnel, qu’elle a reçu la réponse de Microsoft : “Nous acceptons votre démission effective immédiatement”. Sa date de départ prévue était le 11 avril, mais elle a été licenciée le 7 avril. Tahal a également été licenciée lors d’un appel RH.
Le Prix en Valait-il la Peine ? Une Conviction Inébranlable
Quelques semaines après son licenciement, Vaniya Agrawal est catégorique : le prix en valait “100%” la peine, voire “mille%”. Elle n’a “aucun doute”, “aucune hésitation”. Même un petit nombre de réponses d’employés remettant en question leur rôle aurait suffi à la rendre “contente et réussie”, car l’objectif principal était de “sensibiliser”, de “dénoncer Microsoft” et de faire savoir aux employés “où va leur travail” et comment l’entreprise est “complice”.
Cependant, l’impact a dépassé de loin leurs attentes. Le message est devenu “global”, ayant des “impacts matériels sur l’image de Microsoft”. Selon Vaniya, “le monde sait maintenant qui ils sont vraiment et ce qu’ils font“. Microsoft ne peut plus se cacher derrière sa “mission”, sa “philanthropie” ou son “prestige”. “Le monde sait qu’ils sont un fabricant d’armes, le monde sait qu’ils arment l’armée israélienne”. Pour elle, cette prise de conscience mondiale dépasse les attentes initiales. Elle affirme avec “pleine conviction” qu’elle “maintient ses actions” et la “position qu’elle a prise”.
Préoccupations Concernant le Listage Noir et la Résistance
Lorsqu’on lui demande si elle craint que de telles actions n’entraînent des entreprises à écarter les candidats pro-palestiniens, Vaniya reconnaît que cela pourrait déjà se produire dans une certaine mesure. C’est une “chose à considérer”, mais l’alternative, ne pas dénoncer ces entreprises, n’est pas acceptable. Toute action peut avoir des conséquences négatives, mais “il faut faire quelque chose” et ne pas être paralysé par la peur de la réaction de l’entreprise. Les entreprises “riposteront”, trouveront des moyens de “représailles”, de “supprimer”, mais c’est pourquoi les mouvements ont besoin de “collectifs de personnes”. La diversité des actions et des niveaux de risque au sein d’un mouvement est essentielle, permettant à ceux qui sont moins visibles de continuer à être “employables”. Elle pense que la suppression des voix pro-palestiniennes est déjà “très, très probable” et pourrait se produire dans les processus d’embauche, peut-être même avec des outils d’IA. Néanmoins, même si cela se produit, “la résistance trouvera un moyen”. La pression externe reste également une voie possible.
Les Revendications de la Campagne “No Azure for Apartheid”
Vaniya est actuellement impliquée dans la campagne “No Azure for Apartheid”, menée par des employés et anciens employés de Microsoft. Leurs principales revendications envers Microsoft sont au nombre de quatre :
1. Divulguer tous les liens avec l’État israélien, l’armée, l’industrie technologique, les fabricants d’armes et les sous-traitants impliqués dans le “génocide” et la “continuation de l’apartheid”.
2. Désinvestir et couper tous ces liens, mettre fin à tous les contrats et partenariats Azure avec l’armée et le gouvernement israéliens.
3. Honorer les demandes des employés en approuvant publiquement un cessez-le-feu immédiat et permanent.
4. Protéger les employés et assurer la sécurité des employés palestiniens, arabes, musulmans et alliés en protégeant les discours, actions et initiatives de collecte de fonds pro-palestiniens sur les plateformes de l’entreprise.
Le Contrecoup Inattendu du Nationalisme Hindou
Bien que la majorité des réactions à ses actions aient été positives et solidaires, Vaniya a également reçu du contrecoup, des messages menaçants et haineux, principalement sur les réseaux sociaux. Une partie de ces réactions provenait de “Zionistes”, mais la surprise majeure et la principale source de critiques virulentes venaient des nationalistes hindous.
Vaniya explique cette réaction par le fait qu’elle est une fille indienne “qui se lève pour la Palestine”, alors que l’Inde entretient des liens “très profonds et longs” avec Israël et est “très largement alliée”. L’Inde suit même le “manuel” d’Israël dans son approche de l'”occupation du Cachemire”. Les nationalistes hindous, particulièrement ceux qui adhèrent à l’idéologie de la Hindutva, sont souvent alliés et solidaires du Sionisme. Vaniya croit que ces personnes la perçoivent comme “trahissant [son] pays” et “trahissant les Hindous”.
Elle confesse qu’elle n’avait “pas du tout vu cela venir” et qu’elle ne comprenait pas auparavant à quel point le nationalisme hindou était lié au Sionisme. Son expérience l’a “vraiment ouvert les yeux” sur cette connexion. Ayant grandi aux États-Unis dans une famille aux héritages religieux divers (hindou, musulman, chrétien) et sans pratique religieuse particulière, elle n’était pas pleinement imprégnée des aspects culturels et politiques parfois associés à l’hindouisme traditionnel.
Cette expérience l’a incitée à vouloir en apprendre davantage sur la relation entre l’Inde, Israël, le Cachemire et la Palestine. Elle se sent engagée à prendre position pour la “libération” et la “liberté” des peuples opprimés, qu’il s’agisse de la Palestine ou du Cachemire. Elle a déjà constaté la “dissonance cognitive” chez certaines personnes qui l’ont soutenue pour son action pro-palestinienne mais l’ont ensuite critiquée ou désabonnée lorsqu’elle a partagé des informations sur le Cachemire.
Malgré le harcèlement en ligne, elle n’a pas ressenti de menace pour sa sécurité physique et n’a pas eu besoin de signaler les incidents à la police. Les messages ont été principalement “méchants, blessants et offensants”.
Où en est Vaniya Aujourd’hui ?
Actuellement, Vaniya Agrawal continue d’organiser avec la campagne “No Azure for Apartheid” autant que possible. Elle explore également d’autres espaces militants, comme le groupe “South Asians Resisting Imperialism”, qui travaille à démanteler le système des castes. Elle s’efforce d’en apprendre davantage sur le fonctionnement du monde et de s’impliquer dans des espaces où les gens font un “travail important et percutant”.
Son avenir dans le secteur de la tech est incertain ; elle n’exclut pas d’y rester si elle trouve un poste aligné avec ses valeurs, mais la possibilité de quitter complètement le domaine est présente. Elle reconnaît que son parcours est encore un “grand point d’interrogation”, mais elle est sur une voie où elle fait des choses qui ont de l’importance pour elle.
En réfléchissant à ce que son jeune elle-même, qui doutait d’avoir un avenir, penserait d’elle aujourd’hui, Vaniya estime qu’elle serait “fière” et “choquée”. Avoir un avenir où elle peut faire quelque chose qui compte et qui cherche à avoir un “impact positif” est plus que ce qu’elle aurait pu espérer. Elle ressent beaucoup de “gratitude” pour où elle en est, même sans savoir exactement où elle va.
Plus important encore, Vaniya pense que son père et sa sœur seraient “fiers” d’elle. Elle a le sentiment de vivre pour eux, d’honorer leur mémoire et de poursuivre leur héritage à travers ses actions, qu’elle attribue en partie à leurs propres qualités de gentillesse et d’empathie.
Le parcours de Vaniya Agrawal est celui d’une ingénieure qui a trouvé sa voix et son but en dépassant les attentes traditionnelles et en s’opposant aux pratiques de l’entreprise qu’elle jugeait immorales. Son histoire met en lumière les défis auxquels sont confrontés les employés consciencieux au sein des grandes entreprises technologiques et la puissance potentielle de l’activisme, même au prix de sacrifices personnels importants. Son acte de dénonciation a eu un impact significatif, contribuant à sensibiliser le public et les employés sur les liens controversés entre Microsoft et l’armée israélienne, et renforçant sa propre détermination à lutter pour la justice.
Sources : Entretien de Vaniya Agrawal sur Middle East Ey